Le Français Émilien Gailleton fait pression pour être sélectionné dans l’équipe de France pour la Coupe du Monde de Rugby 2023
En France, le chemin vers le Top 14 ne commence pas dans les écoles mais dans le jeu de club. Et cela exige de grandes décisions, tôt. Prenez Émilien Gailleton. Une future star de la Coupe du Monde de Rugby U20. Le centre pour adolescents a fait exploser les portes sanglantes à Pau cette année, mais à l’âge de 13 ans, il se démarquait seul, quittant tôt la maison pour jouer au rugby junior à Agen, loin de sa famille et du village dans lequel il a grandi.
« En Angleterre, le rugby est lié aux écoles », explique le meilleur buteur d’essais du Top 14 pour la saison 2022-23. « En France, c’est différent parce qu’on a tous ces clubs, et quand tu es petit et que tu es assez bon, ils vont te mettre dans certaines équipes. J’ai donc dû quitter mes parents.
« J’ai grandi à la campagne, dans ce village de 160 habitants. J’adorais ça, mais pour le rugby, je devais aller dans un endroit plus grand. J’ai grandi à environ une heure au nord de Toulouse, puis je suis parti à Agen.
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Vous pensez que prendre de grandes décisions dépasse la plupart des adolescents ? Après quelques minutes de dialogue avec Gailleton, il est clair qu’il n’est pas la plupart des adolescents. Assuré, calme, il y a un sens de marche évident. Pendant une grande partie de cette année, sur le terrain, c’était vers les lignes d’essai ennemies. Mais pour lui, même être à Pau est assez intéressant.
« On me demande beaucoup à ce sujet ! » dit-il, avant d’expliquer qu’étant passé par la ProD2 la saison dernière, il voulait trouver un club où il jouerait. Ensuite, il y avait l’attrait de travailler sous Sébastien Piqueronies, qui a orchestré les titres U20 consécutifs avec la France. Il connaît le talent.
Il y avait encore du travail à faire, cependant, et cela amuse Gailleton de revenir sur le début de saison, de revoir les buts avec son patron. « Quand je suis arrivé, l’entraîneur-chef m’a dit que je jouerais peut-être cinq à dix matchs, si j’ai de la chance », dit-il. «J’ai fini par jouer environ 24 matchs et être le meilleur buteur de la ligue! C’est assez drôle quand j’y pense.
« Mais je suis vraiment heureux et je me sens très honoré après cette saison. Je suis entré dans le Top 14, dans l’équipe de base, prévoyant peut-être de regarder un peu tout le monde, d’apprendre des gars. Et au final je suis ressorti comme le joueur qui a le plus joué à Pau. C’est drôle, mais je suis content que ça se soit passé comme ça. Et sur mes objectifs pour la saison prochaine, c’est bien mais je ne veux pas m’arrêter là »
Faut-il s’étonner que le patron de la France Fabien Galthié l’ait fait entrer dans le giron national avant la Coupe du monde ? C’était la définition d’une saison en petits groupes.
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Gailleton n’a cependant aucun problème avec un aparté ironique. Et cela vient d’une question de provenance – comme il est né à Croydon, n’est-ce pas ? Sa mère – mi-anglaise, mi-écossaise – a rencontré son père français en vacances en Afrique, selon le pétillant centre.
Et après avoir vécu à Montauban, le couple a déménagé à Londres pour que maman puisse terminer ses études de kiné. C’est là qu’Émilien est né. Aujourd’hui, le sportif est heureux de bénéficier du savoir-faire de sa mère, même s’il ne vit plus sous le même toit depuis plusieurs années.
Il est encore temps pour lui de faire le bon choix et de tirer sur le chardon, bien sûr… Et là, il plaisante en disant qu’il est encore capable de faire un choix. Avant d’ajouter rapidement qu’il est fièrement français, au cas où on en doutait.
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La casquette France U20 a renoncé au Championnat du monde junior afin de donner le meilleur de lui-même pour une place en Coupe du monde senior. Et il y a un sentiment croissant dans le pays qu’il fera partie de l’équipe de 33. Mais il y a autre chose qui est beaucoup mentionné. C’est une comparaison entre ce jeune pivot, qui a débuté à Agen, et l’un des grands du club – un des grands du pays – en Philippe Sella. Un centre emblématique.
Là-dessus, Gailleton raconte Mondial Rugby: « Je me sens vraiment honoré parce que c’est un de mes amis. Nous sommes toujours en contact et nous parlons beaucoup. Parce qu’en plus d’être un grand joueur, c’est un très bon homme. Donc je suis vraiment content d’être comparé à un tel joueur.
L’ancien entraîneur français Jacques Fouroux a un jour décrit Sella comme ayant « la force d’un taureau mais le toucher d’un pianiste ». Il pouvait jouer à l’aile et avait un nez pour la ligne d’essai. Un excellent CV. L’une des caractéristiques du jeu de Gailleton, mis à part les 14 essais accumulés cette saison, a été sa vitesse. Et il y a eu un travail sérieux là-bas, comme il l’explique : « Je pense que si je suis le meilleur buteur de la ligue, il y a beaucoup de vitesse. Alors cette année, je me suis entraîné un peu sur ma vitesse. J’ai progressé d’un ou deux kilomètres à l’heure, mais pas plus.
« J’ai aussi beaucoup amélioré ma (compréhension) du jeu. Je sais un peu plus où me placer. Il y a encore beaucoup à faire mais j’ai beaucoup progressé cette année.
Il a sauté le pas en division à toute allure. Il accélère.
Cet article est paru pour la première fois dans l’édition d’août de Rugby World.