Stick or Twist : choisir l’ouvreur français pour la Coupe du monde de rugby 2023

En 1999, les St. Louis Rams, vainqueurs du Super Bowl, ont été surnommés « le plus grand spectacle sur gazon » pour leur style de jeu agressif et fluide dans la NFL.

L’attrait de leur attaque totale était répandu et a créé un profond niveau d’envie parmi les fans rivaux qui souhaitaient secrètement que leur équipe joue d’une manière tout aussi extravagante.

Flash en avant 24 ans et l’équipe de France est devenue l’équivalent dans le monde du rugby.

Les Bleus sont une pure centrale électrique de haut en bas, avec l’un des packs les plus solides et les plus dynamiques du marché, associé à un groupe d’arrières hétéroclites qui privilégient le flair à tout le reste.

Rationaliser cette profondeur de créativité n’est pas une mince affaire. Il faut un certain degré de pondération pour qu’un seul joueur assume ce fardeau. Des erreurs seront commises, mais la priorité est de faire fredonner l’équipe à travers tous les trimestres.

Pour les Rams de St. Louis, le fardeau est tombé sur leur quart-arrière expérimenté Kurt Warner, un excellent joueur qui n’avait pas peur de se lancer.

Pour la France, le leader en chef n’est pas aussi tranché. Avoir Antoine Dupont au demi de mêlée et Thomas Ramos à l’arrière, qui sont tous deux d’excellents distributeurs, rend la vie beaucoup plus facile pour tout le monde.

Mais au final, quel que soit le casting de soutien, la pression tombe sur l’ouvreur.

Romain Ntamack a été le choix préféré pendant une grande partie du règne de Fabien Galthié en tant qu’entraîneur-chef de l’équipe nationale, et a connu beaucoup de succès au cours de cette période.

Le talisman toulousain a mené son pays à une célèbre victoire en Grand Chelem en 2022, et a raté de peu l’égal de cet exploit plus tôt cette saison, ratant de justesse contre l’Irlande.

Ce record de victoires parle de lui-même, mais le style et le sang-froid que Ntamack apporte à la table sont tout aussi importants.

Il a toujours l’air imperturbable, que ce soit en possession ou non de possession et ce niveau de calme sera un atout crucial lorsque la Coupe du monde se déroulera et que la pression s’intensifiera plus tard dans l’année.

Le rugby à élimination directe est le plus grand test pour tout joueur. Les matchs et les carrières sont définis par des moments singuliers qui peuvent transformer un match. Le coup de pied au but, un essai tardif, une phase monstrueuse de défense.

Évidemment, le but est de dominer un jeu à tel point qu’il n’est pas proche lorsque les derniers instants arrivent. Avec Ntamack, la France a de fortes chances de faire exactement cela, séparant ses adversaires tout au long des 80 minutes, ne leur donnant aucune chance de revenir.

Un moyen central d’y parvenir est de recourir aux talents de frappeur du demi-papillon. De toutes les équipes nationales, peu de coups de pied autant que la France et Ntamack sont au cœur de cette même bataille.

Sa capacité à repérer l’espace et ensuite à lancer une bombe sur le terrain est assez impressionnante, mais c’est sa précision ciblée qui rend la longueur du coup de pied d’autant plus impressionnante. Très souvent, nous voyons des arrières latéraux de l’opposition se précipiter pour récupérer un coup de pied qu’ils ont mal évalué ou qu’ils n’ont tout simplement pas anticipé.

Associez cela à la capacité de Ntamack à glisser à travers les défenseurs avec le ballon en main et vous avez un joueur aux multiples facettes contre lequel il est presque impossible d’élaborer des stratégies.

Le seul homme capable de détrôner Ntamack pour revendiquer le maillot des dix français est Matthieu Jalibert, le remplaçant extrêmement talentueux qui a récemment guidé Bordeaux Bègles vers les éliminatoires du Top 14.

Le joueur de 24 ans n’est pas différent de son contemporain, possédant également un œil pour les coups de pied sur le terrain, mais pas au niveau de Ntamack.

Ce qui distingue Jalibert des autres, ce sont ses pieds électriques. Si vous voulez que votre ouvreur possède la capacité de retourner un plaqueur avant de livrer une passe parfaite, ne cherchez pas plus loin que Jalibert.

Il est le joueur de flair ultime, bien que cela ait été compensé, mais une lente augmentation des problèmes de blessures qui a sapé sa disponibilité globale. Ce sera une préoccupation pour Galthié alors qu’il se prépare pour la Coupe du monde.

Il voudra également s’appuyer fortement sur le demi-mouche qui peut gérer un jeu avec assurance et précision. Ntamack est l’homme de ce métier.

Cela ne veut pas dire que Jalibert ne possède pas ces compétences, mais plutôt Ntamack les détient en plus grande réserve.

La star toulousaine a accumulé plus d’expérience dans ces moments de grand match, pas seulement dans les Six Nations, mais aussi dans le Top 14. Il y a à peine une semaine, lors de la dernière finale de championnat, son équipe était à la traîne avec quelques minutes à jouer.

Au lieu de paniquer, il a chargé à travers une mer de joueurs de La Rochelle pour parcourir la moitié du terrain et marquer l’essai gagnant, montrant définitivement qu’il est l’homme de la grande occasion.

Il est également important de se rappeler, alors que la France gagne déjà des matches, pourquoi changer une formule gagnante ?

Ntamack a fait ses preuves d’innombrables fois auparavant et il faut à nouveau compter sur lui. Jalibert peut ensuite être utilisé comme carte joker dans les dernières étapes des jeux pour débloquer une défense en cas de besoin.

Avec ce tandem au poste d’ouvreur, la France est en mesure de soulever le trophée Webb Ellis pour la première fois de son histoire.