Le choc d’ouverture des Six Nations Guinness de vendredi soir entre l’Irlande, championne en titre, et la puissante France, a présenté aux fans de rugby un paradoxe intéressant.
Que se passe-t-il lorsqu’un objet immobile rencontre une force imparable ? Dérivant de la métaphore chinoise d’agent d’une lance parfaite qui peut percer tous les boucliers et d’un bouclier parfait qui arrête toutes les lances.
Opposer French Flair à une attaque irlandaise méthodique, telle est l’histoire de la rivalité entre ces deux nations au cours des quatre dernières saisons. Pourtant, lorsque les deux équipes se rendront au Stade Vélodrome vendredi soir, l’ambiance sera tout à fait différente.
Bataille clé
S’éloignant de leur jeu traditionnel du chat et de la souris, les entraîneurs-chefs Fabian Galthie et Andy Farrell ont chacun sélectionné des équipes capables de s’infliger mutuellement des traumatismes contondants. En lançant l’action avec deux packs gargantuesques, les deux entraîneurs ont choisi d’utiliser une répartition 6 – 2 sur le banc pour s’assurer qu’il n’y aura pas de relâchement physique au fur et à mesure du match.
Pour les Français, le pouvoir n’a rien de nouveau, compte tenu de l’ampleur des athlètes dont dispose Galthie. Alors que pour Farrell, il ne fait aucun doute que son équipe a son propre punch, la progression du deuxième ligne du Leinster, Joe McCarthy au cours des douze derniers mois, offre aux hommes en vert un spécimen physique sans précédent dans l’histoire du rugby irlandais.
À seulement 22 ans, McCarthy a remplacé un futur capitaine irlandais présumé, James Ryan, dans la formation de départ pour ce qui sera probablement le match le plus difficile du Championnat d’Irlande. Cette décision à elle seule indique que Farrell a choisi de superposer ce qui a été construit au cours des quatre dernières années plutôt que de faire exploser un système qui était à quatre points d’une toute première demi-finale de Coupe du Monde de Rugby. Le fait de déplacer Ryan sur le banc n’est pas une atteinte à l’un des joueurs clés irlandais des six dernières années, mais plutôt une reconnaissance du fait que McCarthy semble être la pierre angulaire du pack irlandais pour la prochaine décennie.
Aux côtés du maestro du turnover Tadhg Beirne, McCarthy donne au pack irlandais le doublé parfait d’un joueur qui fera le sale boulot avec de grosses portées et des rucks et une seconde tandis que Beirne utilise son athlétisme extravagant en liberté.
Imitant la paire de départ, Ryan est le remplaçant physique parfait pour McCarthy, tandis que Ryan Baird se joindra en tant qu’athlète longiligne à la place de Beirne ou du capitaine Peter O’Mahony dans la rangée arrière.
Galthie, qui a nommé son équipe quelques heures avant Farrell, est confronté à une crise de mini-blessures dans le peloton mais est toujours dans la position enviable de pouvoir faire appel à plusieurs options géantes.
Au premier plan se trouvera le retour de Paul Willemse, qui a cruellement raté la Coupe du monde en raison d’une blessure, mais qui est désormais de retour sous le maillot numéro cinq aux côtés du tout aussi puissant Paul Gabrillagues.
Sur le banc, Romain Taofifénua remplacera à l’identique Willemse, tandis que le ultra-athlétique Cameron Woki apportera sa puissance explosive et élancée pour contrer Baird.
Cette bataille dans la salle des machines du peloton décidera du sort des packs de l’équipe, compte tenu de la relative parité entre les premières et dernières lignes des deux côtés. Dans chacune des six positions, il y a un argument à faire valoir selon lequel le joueur occupant le maillot fait partie des trois meilleurs au monde.
Au numéro huit, il n’y a qu’un cheveu qui sépare le duo de boulets de démolition composé de Gregory Alldritt et Caelen Doris, qui sont les machines d’avenir de leur équipe respective.
Les deux joueurs sont capables de faire passer le ballon moyen au-delà de la ligne de gain et de transformer immédiatement les perspectives offensives de leur équipe. Cependant, cette tâche sera facilitée si les géants devant eux font le sale boulot.
Nouveau départ dans l’Outback
Dans la ligne arrière, il y a un état de changement en termes de meneurs de jeu clés dans les maillots neuf et dix.
Parmi les quatre partants, seul Jamison Gibson-Park était le premier choix la dernière fois que ces deux équipes se sont rencontrées.
Absents le duo emblématique de Johnny Sexton (à la retraite) et Antoine Dupont (à la recherche de la gloire olympique en rugby à 7) tandis que Romain Ntamack reste dans la salle des entraîneurs pour se remettre d’une vilaine blessure subie lors de l’échauffement de la Coupe du monde.
A leur place viennent le Munsterois Jack Crowley et le duo bordelais Maxime Lucu et Mathieu Jalibert.
À commencer par Crowley, 24 ans, qui a la tâche peu enviable de remplacer le plus grand joueur irlandais de tous les temps à Sexton. Ce qui manque à l’ancienne star de Bandon Grammar en termes d’expérience, il le compense largement par son tempérament, sa capacité et sa soif de réussir. Ne vous en cachez pas. Pourtant, le pivot neuf fois sélectionné va connaître un baptême du feu à Marseille.
Face à Crowley, Jalibert cherchera à s’imposer davantage et à devenir le demi d’ouverture numéro un de la France avant le retour de Ntamack plus tard cette saison. En seulement un an, le senior de Crowley, Jalibert, a déjà accumulé 30 sélections avec les Bleus et ne sera pas dérangé par le fait d’être l’homme sous les projecteurs.
La domination de Dupont sous le maillot bleu neuf a été telle au cours des six dernières années que Lucu, aujourd’hui âgé de 31 ans, n’a que 18 sélections à son actif. Il n’y a aucune honte à jouer le second rôle devant quelqu’un qui pourrait bien être le plus grand joueur de tous les temps en fin de compte. Ce que cela signifie, cependant, c’est que même si Lucu est extrêmement talentueux, il n’a jamais eu à diriger une équipe dès le départ dans un match test crucial, un fait dont son homologue, Gibson-Park, en sera parfaitement conscient.
Ces mini-batailles au sein d’une guerre plus vaste seront cruciales pour l’issue du concours de vendredi. Si l’une ou l’autre des équipes prend l’ascendant à l’avant, les nouvelles paires de demi-arrières auront du mal à attirer leurs arrières extérieurs passionnants.
Les deux partenariats centraux sont extrêmement expérimentés et guideront leurs meneurs de jeu, mais ce sera une tâche extrêmement difficile sans balle propre. La même chose peut être dite pour les trois arrières des deux équipes qui se reflètent de manière intéressante.
En vert, Hugo Keenan et James Lowe font partie des équipes du jour du match, tandis que Calvin Nash, autrefois sélectionné, cherchera à saisir son opportunité avec Mack Hansen et Jimmy O’Brien sur la liste des blessés. Face à eux se trouve un duo d’opérateurs expérimentés Thomas Ramos et Damian Penaud, le nouveau venu sur les larges chaînes étant l’arrière régulier Yoram Moefana.
Comme leurs collègues de centre, les hommes de côté espèrent qu’un ballon à l’avant-pied créera un peu de magie.
Prédiction
Ce match dépendra de celui qui clignotera en premier, les deux équipes ont tant à prouver après avoir laissé échapper une opportunité en or de remporter la Coupe du Monde.
Comme indiqué ci-dessus, le jeu de pouvoir décidera qui donnera ce pouce crucial. Dans ce département, il y a peu de choix entre les deux camps.
Dans l’ensemble de la ligne arrière, la parité existe à nouveau, compte tenu de la nouvelle nature des positions cruciales de meneur de jeu de neuf et dix.
Dans ce cas, l’avantage du terrain pourrait faire la différence, les supporters français notoirement bruyants criant et hurlant à chaque occasion. Exploitez cela, et les Français seront difficiles à casser, se tromperont tôt et le soutien local pourrait devenir hostile envers leur équipe.
En fin de compte, ce sera la compétition la plus serrée cette saison entre les deux meilleures équipes présumées. Au terme de deux soirées dévastatrices à Paris, la France devancera de deux points mais les deux équipes seront impressionnantes. La France par 2.